Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ideescosmetiques
25 août 2011

Le vétiver

 

Le vétiver.

 

 

Deuxième épisode de ma série sur les odeurs. Le citron puis le vétiver. J’ai grandi avec le vétiver. Vetiveria nigritana, pas le vetiveria zizanoides d’Haïti, de Madagascar ou d’ailleurs dont on tire l’huile essentielle.

Mon vétiver, le familier, ne sort pas d’une bouteille mais d’un fagot. Cinq, six racines sont regroupées. On les ficelle ensuite avec une racine supplémentaire. Qu’en fait-on ?

 IMG_5630

 

 

On s’en sert pour améliorer le goût de l’eau. Une racine trempée dans une carafe ou une jarre d’eau la rend plus rafraîchissante. Cet usage est le plus courant. Autrefois, les femmes du Sahel fabriquaient des vanneries avec ces racines. Une fois aspergés d’eau, leurs vases dégageaient des effluves agréables et très appréciées.

 

On peut en faire de l’encens à brûler, que l’on appelle wusulan ( bambara ; amusante anecdote, le terme wusu désigne aussi la cuisson à la vapeur du riz avant de le cuire à l’eau), thiouraye ( wolof) ou encore dugu.

 

Un de mes grands plaisirs, depuis que je vis en France, est d’ouvrir un colis envoyé par ma mère et de sentir les odeurs mêlées du kinkéliba fraîchement séché et des racines de vétiver. Senteur familière, verte, aqueuse, joyeuse, fraîche et curieusement enivrante.

 Vétiver folies indigo

 

L’une des premières huiles essentielles que j’ai acquise est celle de vétiver. Je l’avais acheté aux Folies d’Indigo, il y a bien longtemps et un mélange d’huile essentielle de petit grain et de vétiver me ravissait.

Ayant appris un jour que le vétiver se disait en latin vetiveria zizanoides, qu’elle ne fut ma surprise quand je me rendis compte que ma bouteille comportait les indications «  Vétiver, pinus sylvestris »…

 

 IMG_5036

 

J’ai accumulé depuis lors plusieurs produits parfumants à base de vétiver :

  1. La racine séchée du vetiveria nigritana
  2. Une teinture de vetiveria nigritana dans de l’alcool à 90°, qui date d’il y a deux ans environ, faite par votre servante
  3. Une huile essentielle de Vétiver srilankienne, achetée chez Gisella Manske il y a plusieurs années
  4. Une autre de Paradesa
  5. Un petit flacon de Norfolk essential oils
  6. Une de Néroliane, en provenance d’Indonésie
  7. Une haïtienne, de Proxi santé
  8. Une autre encore de Bio mada, malgache cette fois-ci
  9. Plusieurs échantillons de White lotus aromatics.        
    1. Un d’Haïti
    2. Un de Madagascar
    3. Un autre du Sri Lanka

 IMG_4849

 

Aucune n’est identique à l’autre. Comme si la plupart des composants se retrouvaient chez toutes, mais avec des combinaisons différentes ; tel vainqueur chez celui de Biomada se fait timide ailleurs. Il me reste à tester l’extrait CO²(bientôt arrivé normalement) et le rus khus qui est une distillation traditionnelle indienne à très basse température dans des récipients en cuivre. Je rêve d’avoir accès à une huile essentielle de vetiveria nigritana (dont je ne sais pas si elle est commercialisée).

 

Je remarque cependant que chez toutes ces huiles essentielles l’aspect lourd et terrien du vétiver domine. Je doute que quelqu’un qui n’aie jamais connu que ces produits de distillation bruns et visqueux imagine la fraîcheur qu’il peut avoir.

 

Ces échantillons sont selon le producteur puissamment terreux, boisés, fumés et provoquent une ivresse étrange, un éloignement enraciné. J’ai pris l’habitude de laisser les flacons ouverts afin d’accélérer leur vieillissement.

 

L’extrait sur huile de son de riz ne sent absolument rien. Il faudrait peut être insister, effectuer des macérations successives ou passer par le biais d’une teinture ?

 IMG_5698

 

La teinture quant à elle est très odorante, il me semble qu’il faut un fort degré d’alcool et une macération longue pour obtenir un produit satisfaisant. La mienne est double: après la première macération, j'ai réutilisé la teinture pour faire macérer des racines coupées en petits morceaux. Elle garde la fraîcheur de la racine qui est imperceptible (sans dilution) dans l’huile essentielle. Le fond est boisé, très agréable, il y a là dedans une senteur que je ne sais nommer. Boisé et frais ne suffit pas, il ne s’agit pas d’un pin par exemple, c’est plus puissant, l’odeur a un chemin différent, moins montant, plus bas et étalé. Un peu noisette, un peu salé, presque sueur, un peu cireux, étrangement floral, comme un hybride vert entre rose et jasmin... Une amertume discrète, quelque chose qui évoquerait presque la réglisse, une luminosité magnifique. La terre, le soleil, l’eau réunis.

IMG_5633

Publicité
Publicité
Commentaires
F
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> On distille aussi le vétiver sur l'île de la Réunion, où il pousse en abondance. Son arôme est peut être différent de ceux que vous connaissez, car la terre est composée à base de roche volcanique. Et les composants d'arômes doivent être différents ?
L
On devrait créer un club des adorateurs du vétiver décidément. <br /> <br /> Quelle chance d'avoir pu assister à une distillation de vétiver!<br /> On cultive beaucoup le vétiver en Afrique de l'Ouest mais je n'ai jamais entendu parler de distillation. <br /> <br /> J'ai deux échantillons de WLA, white ginger lily et cestrum nostrum codistillées avec du vétiver. Le résultat est magnifique, envoûtant. <br /> <br /> Je retiens le truc de l'eau de rose pour une prochaine teinture. <br /> <br /> Merci de ta visite et de tes précieux commentaires.
V
Un très grand merci pour cet article à la gloire de l'un de mes ingrédients aromatiques favoris.<br /> <br /> j'ai eu la chance d'aller à Kannauj enIinde et d'assister à la distillation du vetiver… j'avais obtenu une bouteille d'hydrolat (qu'ils n'utilisent pas) , fumé sauvage un peu roots et que j'ai adoré; <br /> <br /> chez lotus aromatics, je trouve que les co distillations indienes de vetiver sont très interessantes, parfois meme provocantes; l'une' de mes préférées la co distillation avec du ginger lily, très capiteuse et à utiliser à doses bébé. <br /> Sinon, parmi les vetiver (très racines) que je préfère: celui de Baldwins en GB<br /> <br /> Pour la teinture, je coupe avec de l'hydrolat de vetiver , quand j'arrive à en trouver; ou alors avec de l'hydrolat de rose qui aère un peu le résultat;
L
Je crois que j'ai enfin compris ce que tu voulais dire. J'ai eu un moment l'impression que nous ne parlions pas exactement de la même chose mais je comprends maintenant. SI je ne me trompes pas, tu penses que je peux faire un enfleurage même si l'huile ne sent rien en elle même? <br /> <br /> J'essaie dès que je rentre chez moi, je vais voir ce que ça donne. Je pourrais peut être obtenir une absolue de vétiver au lieu d'une teinture....<br /> <br /> Merci beaucoup de tes remarques en tout cas,
I
Bonjour Lalla. Pour faire l'enfleurage, il faut une huile, un corps gras solide.<br /> Et le but est d'obtenir de l'absolu qui se trouve dans l'alcool, donc, mais pas de parfumer le corps gras.<br /> Revois l'article de NezHerbes et tu comprendras mieux. <br /> Il y a également une discussion intéressante avec mlk sur mon article "enfleurage de gingembre" et tu verras qu'elle utilises une méthode qui ressemble à celle que tu préconises.<br /> Normalement, effectivement, il ne devrait pas y avoir de couleur dans l'alcool. Mais je pense que cela dépend de l'ingrédient utilisé.<br /> Quand tu qualifies le vétiver de "stable", tu es plus proche de ce que je désirais exprimer en utilisant le mot "force". Oui, pour moi, il représente la stabilité, l'ancrage.<br /> Merci encore pour ton article.
Ideescosmetiques
Publicité
Derniers commentaires
Newsletter
Archives
Publicité