Voyage à Grasse: Musée International de la Parfumerie

(L'entrée du musée vue de l'intérieur)

Je suis aussi allée au Musée International de la Parfumerie (MIP). Cela m'a beaucoup plu. On sent partout, il y a au moins deux dispositifs différents pour renifler et apprécier. Je le trouve bien mieux fait que le musée Fragonard, qui serait plutôt une espèce de bric à brac réuni à des fins promotionnelles. J'y ai beaucoup appris, je trouve particulièrement louable la participation de nombreux professionnels (Labo Monique Remy, RObertet ,Charabot...). Le dispositif et les contenus me semblent plus étudiés que chez Fragonard. L'entrée (plein tarif) coûte trois euros.

Dans l'ordre de la visite:

• Des enregistrements sur la mémoire des odeurs et les pratiques associées à l'olfaction.

• Des échantillons des principales matières parfumantes...

• Une serre où poussent des plantes parfumées: Ylang, Vanille, Gingembre, Vétiver, Santal. A côté de chaque plante se trouve un bac contenant les partie odoriférantes et un testeur où l'on peut sentir son odeur. Deux des murs sont en fait des baies vitrées qui donnent sur la vieille ville de Grasse. On retrouve cet aller retour entre modernité et vieille pierre, architecture contemporaine et traditionnelle du Sud dans tout le musée, c'est très plaisant.

• Sur un des murs, une classification par type d'odeur couramment utilisée dans les maisons de parfumerie. Les odeurs sont regroupées selon qu'elles sont fleuries, fruitées, vertes, boisées, animales ou épicées. Chaque parfumeur dispose de son propre arbre. On peut ensuite classer les odeurs de fleurs selon qu'elles sont rosées ( rose centifolia, rose damascena, géranium rosat ), de fleurs blanches ( jasmins, tubéreuse, champaca, narcisse, fleur d'oranger) ou de fleurs jaunes. Il y a même des fleurs épicées ou anisées. Cet arbre me semble être un outil merveilleux, je tente en ce moment de construire le mien ( toutes les HE ou absolues ne se ressemblent pas).

• Ensuite, des objets historiques de diverses civilisations et époques sont rassemblées. De très beaux flacons perses, comme des vases arabes ou des bergamotes grassoises. Qu'est-ce qu'une bergamote? C'était une spécialité grassoise, de petites boîtes naturellement parfumées en écorce de bergamote ( écorce du fruit ou de l'arbre? ) sur lesquelles étaient peints des motifs.

Un étui à khol

En haut, à droite, une bergamote grassoise

• Une grande salle où l'on explique les différents moyens d'extraire les substances odorantes. Distillation, absolues, extraction au CO2, analyse sous cloche de verre, mais aussi rectification des huiles essentielles. Des machines soufflantes permettent par exemple de sentir la différence entre l'essence de rose et son absolue. D'énormes cuves à distillation sont posées là, on peut regarder des vidéos réalisées en partenariat avec des professionnels grassois de la parfumerie. 

• De nombreux et parfois gracieux flacons de parfum. Une sculpture étrange en tuyaux de verre.

• Un petit labo. Une vidéo sur la découverte des molécules synthétiques et leurs usages. Des échantillons à l'odeur de fraise, de muguet... Un autre arbre à senteur, cette fois-ci avec des molécules ( scatol, alcool cinnamique, octine carbonate de méthyle ...).

 

• Un historique de l'évolution des flacons en France depuis le début du XX ème siècle.

• Un jeu: on nous décrit des odeurs que l'on peut sentir, à nous de les reconnaître ensuite. Très ludique. Où j'apprends que j'aime bien l'odeur du castoréum qui est pourtant censée être fétide.

• Une expo sur les fragrances et les arômes, l'essentiel du travail dans l'industrie du parfum. Une boutique temporairement fermée lors de ma visite.

J'étais très heureuse de ma visite.
Il est très judicieux que l'on ait l'occasion de sentir ce dont on parle. toutefois, les descriptions manquent parfois de précision ( nom botanique, origine de la plante).J'ai oublié de mentionner un pièce dédiée aux usages mystiques du parfum.

L'architecture est très réussie, le musée est dans la ville. J'aurais aimé avoir plus de précisions sur d'autres pratiques parfumesques, en Inde, en Afrique ou en Perse par exemple et sans vouloir s'y limiter. Le musée se veut international...

Je verrais bien aussi des conférences, des entrevues ( même vidéos) avec des parfumeurs, une généalogie un peu plus précise de la vie d'un parfum. Je trouve un peu dommage qu'on ne nous présente pas ce secteur ( en tant qu'industrie). Je pense qu'il serait bien utile de savoir entre autres choses comment des entreprises comme IFF et Givaudan en sont venues à occuper des positions premières dans ce marché.

Il manque? Une citation de Baudelaire. 

Et une cité de la parfumerie à Paris.

Comments

[pantagruel]

Beau récit de voyage, le musée gagnerait à se pencher sur tes suggestions. Ta photo de l'entrée du musée est une réussite, comme une mélodie: 'on dirait le sud..."

[parfum]

c est fait merci :)

[Catherine]

Merci pour ce joli reportage ; c'est très tentant, j'irai peut-être bientôt avec Chabou... hihi...

[Lalla]

Bonjour Irène,
Je pense que ce musée gagne vraiment à être visité. Ou plutôt qu'on gagne à le visiter.


Bienvenue Parfum,
Heureuse que mon compté rendu t'ait intéressé.
Tu peux tout à fait mettre un lien.

[parfum]

je seconde Irene, tout à fait passionnant.....je fais un lien sur mon blog si tu permets?